Peuple de Dieu, « sois fort et tiens bon » ! (Jos 1, 7)

Au peuple de Dieu de la Province Ecclésiastique de Kinshasa

  1. Nous, Cardinal Archevêque et Evêques de la Province Ecclésiastique de Kinshasa, réunis à Idiofa, du 18 au 22 février 2020, en Assemblée ordinaire, en vertu de notre mission de Pasteurs, rendons grâce à Dieu qui nous a permis de nous réunir à Idiofa.
  2. Nos échanges ont été pour nous une occasion d’écoute mutuelle et de réflexion. Ils ont porté essentiellement sur la situation socio-pastorale des diocèses de notre Province Ecclésiastique et des structures provinciales : Les Grands Séminaires, les Coordinations Provinciales des Ecoles, l’Institut Supérieur Catholique de Kinshasa, l’Université Catholique du Grand Bandundu, l’Assemblée des Supérieurs Majeurs (ASUMA, en sigle) et l’Union des Supérieures Majeures (USUMA, en sigle).
  3. Nous sommes heureux de constater qu’en général le calme règne à travers nos diocèses respectifs. En dépit de la pauvreté visible qu’ils connaissent et qui contraste avec les richesses dont regorge notre Province, nos fidèles continuent à témoigner de l’Evangile et à tenir bon dans la foi. Cela constitue un réel motif d’action de grâce à Dieu, source de tout bien. Cependant, nous déplorons des faits qui affectent le bien-être de notre peuple :
    • L’état de délabrement préoccupant de certaines infrastructures routières devenues malheureusement meurtrières, auquel s’ajoute l’enclavement de plusieurs contrées de notre Province ecclésiastique avec des érosions et des inondations qui endeuillent régulièrement nos familles dans l’indifférence notoire du pouvoir public. Dans ces conditions, comment les agriculteurs et autres opérateurs économiques peuvent-ils contribuer plus efficacement à l’économie de nos Provinces ? Nous invitons, une fois de plus, les autorités compétentes à assumer pleinement leur responsabilité en se préoccupant réellement du sort de la population. En outre, nous les invitons à faire en sorte que les taxes routières perçues soient effectivement affectées à l’entretien et au développement du réseau routier.
    • La présence de plusieurs barrières routières qui servent plus à rançonner qu’à sécuriser le peuple. Il est incompréhensible que cette situation perdure après le discours solennel sur l’état de la nation que le Président de la République a prononcé devant le Congrès, le 14 décembre 2019, et dans lequel il appelait à la suppression des barrières routières.
    • La croissance inquiétante du banditisme ou du phénomène « Kuluna » dans plusieurs de nos cités, villes et villages nous préoccupe au plus haut point. Car, la quasi-totalité de la jeunesse de notre Province reste désœuvrée même après les études, alors qu’elle constitue la première richesse pour son développement.
    • La difficulté que connait l’effectivité de la gratuité de l’enseignement de base. Bien que l’initiative constitue un réel soulagement pour les parents, nous sommes étonnés que sa mise en application n’ait pas été suffisamment préparée. Si rien n’est fait, nous craignons que cela perturbe le calendrier scolaire et ait entraîne la destruction du système éducatif.
    • La résurgence de certaines maladies infectieuses, entre autres la varicelle, à cause de l’insalubrité et de notre manque d’attention à prendre soin de notre environnement ou de « notre maison commune ».
  4. En dépit de l’ampleur des difficultés évoquées ci-haut, nous saluons le courage de notre Peuple qui ne baisse pas les bras mais reste debout. Nous l’encourageons à s’impliquer davantage dans le processus du changement des mentalités pour un Congo nouveau.
  5. Nous le félicitons pour son engagement dans nos différents diocèses, témoignant ainsi de la vitalité de la foi. Cette vitalité se manifeste, entre autres, par la vie apostolique des Sœurs diocésaines de Marie au Kwango dont nous avons eu la joie de célébrer les cinquante ans de présence dans le Diocèse d’Idiofa. Nous saluons également le témoignage de vie et l’engagement apostolique de tous les prêtres, religieux, religieuses et de tous les Agents pastoraux qui œuvrent dans nos diocèses, souvent dans des conditions de plus en plus difficiles. Nous les exhortons à rester proches du peuple de Dieu et à soutenir son espérance.
  6. Nous exprimons notre profonde gratitude à tous ceux qui nous ont soutenus par la prière et par divers services tout au long de nos travaux. Nous remercions les fidèles qui nous ont accueillis le long de la route et spécialement ceux d’Idiofa pour l’accueil enthousiaste et plein d’espérance.
  7. Nous réaffirmons notre disponibilité à accompagner notre peuple dans sa lutte pour plus de dignité humaine. Nous l’invitons à ne jamais désespérer et à renouveler sa foi au Dieu de toute bonté qui guide nos vies avec une étonnante sagesse. Oui, Peuple de Dieu, « sois fort et tiens bon » ! (Jos 1, 7).
  8. En cette année de la célébration du 3ème Congrès Eucharistique National, demeurons « tous assidus à la prière et à la fraction du pain » (Ac 2, 42) afin que nous sachions partager les peines et les espoirs de nos frères et sœurs meurtris à travers le pays, surtout à l’Est. Que la Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Eglise, nous obtienne de son Fils, Notre Seigneur Jésus Christ, la grâce de la paix et de l’unité.

Fait à Idiofa, le 22 février 2020, en la fête de la chaire de Saint Pierre, Apôtre

  1. Em. Cardinal Fridolin AMBONGO, ofm cap., Archevêque de Kinshasa
  2. E. Mgr Cyprien MBUKA, cicm, Evêque de Boma
  3. E. Mgr Daniel NLANDU, Evêque de Matadi
  4. E. Mgr José MOKO, pss, Evêque d’Idiofa
  5. E. Mgr Timothée BODIKA, pss, Evêque de Kikwit
  6. E. Mgr Jean-Pierre KWAMBAMBA, Evêque de Kenge
  7. E. Mgr Donatien BAFUIDINSONI, sj., Evêque d’Inongo
  8. E. Mgr Edouard KISONGA, sss, Evêque uxiliaire de Kinshasa