La Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), à travers Justice et Paix Congo (Asbl),  a publié ce mardi 15 mai 2018 les rapports d’observation électorale et de monitoring des manifestations et réunions publiques en RDC pour la période allant du mois de décembre 2017 à celui de mars 2018. Lesdits rapports présentent quelques statistiques sur l’environnement pré-électoral, à 7 mois de la tenue des scrutins présidentiel, législatifs nationaux et provinciaux.

En ce premier trimestre de l’année 2018, les rapports sont inquiétants par rapport au timing qui reste pour répondre au rendez-vous du 23 décembre prochain tant attendu par plus de 40 millions d’électeurs. Au total, 97 observateurs ont été déployés dans 15 provinces à travers le pays, en se focalisant sur certaines zones à forte tension, telles que Béni et les 2 Kasai…. En vue de réaliser le monitoring, 200 personnes ont été formées puis déployées dont 90 à Kinshasa et 110 à l’intérieur.

Par rapport aux incidents, il y a eu 15 morts dont 14 par balles, 226 blessés dont 50 par balles et 396 interpellés par la police.  Comme si  cela ne suffisait pas, Justice et Paix Congo a révélé la destruction et le sabotage des biens liturgiques, la violation des lieux de cultes et l’extorsion des biens par des éléments de la police. Sur le terrain, Justice et Paix Congo a évalué à 94, 84% la présence de la police lors des manifestations, et à 87,18% elle a dispersé manifestants. Quelques actes de vandalisme ont également été commis par des manifestants. Plusieurs recommandations ont été formulées à l’endroit du Gouvernement, de la CENI, des partis politiques, de la société civile, de la population…

  1. Dans le contexte du processus électoral en cours, la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), à travers son organe technique Justice et Paix Congo (JPC/CENCO), a déployé des Observateurs électoraux et des Moniteurs des Manifestations publiques pacifiques sur l’ensemble des provinces de la RD Congo. Les rapports découlent des données recueillies à la base et traitées par les analystes de JPC/CENCO. Ils reprennent des avancées et des faiblesses qui appellent des recommandations à plusieurs niveaux
  2. S’agissant de l’environnement électoral, les Observateurs de JPC/CENCO ont évalué degré d’appropriation du calendrier électoral par toutes les parties prenantes au processus électoral, la CENI et les partis politiques y compris.
  3. Quant à la question sécuritaire, le rapport relève la recrudescence du cycle de la violence, spécialement dans la Province de l’Ituri, et la dégradation de la situation humanitaire dans les Provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de Maniema, de Tanganyika, du Kasaï Central et du Kasaï.
  4. Entre décembre 2017 et mars 2018, plusieurs cas de violations des Droits humains ont été constatés lors des manifestations publiques par l’Unité de Monitoring des Manifestations Publiques Pacifiques (UMP) de JPC/CENCO, par le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’homme (BCNUDH) ainsi que par d’autres Organisations congolaises de défense des droits de l’homme. Il sied de souligner que ces violations ont été confirmées également dans le rapport de la Commission ad hoc d’enquête mixte dénommée CEM-3121 du Ministère des Droits Humains.
  5. En outre, le débat sur la nationalité, l’introduction de la machine à voter parmi les matériels du Bureau de vote, l’intégrité du fichier électoral et la problématique du dédoublement des partis politiques constituent les principaux points qui divisent la classe politique.
  6. A cela d’ajouter la question du genre en matière des élections: elle revêt une importance capitale au regard aussi bien de l’arsenal juridique qui la prend en charge que des enjeux sociopolitiques qu’elle revêt. En effet, si l’accent est mis actuellement sur la participation, ou mieux, la représentation de la femme aux affaires publiques, comme la question de la parité homme-femme reste à ce jour un enjeu de second plan à tous les niveaux en ce que les femmes sont toujours sous représentées, surtout dans les instituions à mandat électif ainsi que dans les postes de prise de décision dans les secteurs publics et privés. Cependant, la Loi électorale ne pas contraignante vis-à-vis des partis politiques en ce qui concerne la mise en œuvre de la parité homme-femme lors de l’établissement des listes électorales.
  7. Enfin, le rapport relève la cartographie des juridictions devant accueillir les contentieux électoraux. Il a été question d’évaluer les structures et l’opérationnalité de ces juridictions, les conditions d’accessibilité, l’état des infrastructures et des équipements pour s’assurer que celles-ci garantiront bien une bonne justice électorale lors de la gestion de différends contentieux. Vous avez suivi les constats des données collectées à cet effet à travers la présentation y afférente.
  8. De l’analyse de ces différents rapports, JPC/CENCO formule les recommandations ci-après:

Au gouvernement de la R.D. Congo, et autres autorités publiques compétentes,

A la CENI,

 Au Conseil Supérieur de la Magistrature,

Aux Cours et Tribunaux,

Aux Partis politiques,

Aux organisations de la société civile,

De veiller au respect de la procédure administrative et du caractère pacifique du déroulement des manifestations publiques.

Aux Partenaires techniques et financiers,

Au Peuple congolais,

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PPT_Rapports Mai 2018_Tous_Final

Rapports 15 mai 2018