Du 22 au 26 juillet 2019, Justice et Paix Congo et The Carter Center ont organisé un forum sur l’évaluation de la participation politique de la femme congolaise aux élections de 2018-2019.
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
La Constitution de la RDC garantie la participation équitable des femmes dans toutes les institutions (Nationales, Provinciales et locales), et l’Etat est appelé à veiller à la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions. A ce jour, cette disposition constitutionnelle n’a aucun effet contraignant sur la mise en œuvre d’un tel quota. L’article 13 de la loi électorale en son paragraphe 4 précise que l’inégibilité de ce taux paritaire ne constitue pas un motif d’irrecevabilité de la liste présentée par les partis politiques. Cela nuit considérablement à la représentation des femmes et à leur participation effective à la politique en RDC.
A titre d’exemple, le cycle électoral de 2006-2007, la CENI a enrôlé 52.6% des femmes et a enregistré 4 candidatures féminines sur 33 à l’élection présidentielle, ce qui a représenté 12% ; et à l’Assemblée nationale, il y a eu 44 femmes élues, soit 8.4% et 5 femmes au sénat, soit 4,6%. Les Assemblées provinciales n’ont pas échappé à cette sous-représentation des femmes : sur un total de 5955 dossiers reçu, seule 64 portent sur les candidatures féminines soit 8,63%, et sur les 632 députés provinciaux élus, on y a compté 43 femmes seulement, soit 6,8%. Aucune femme élue Gouverneur de province des 15 dossiers déposés par les femmes sur un total de 156 candidats gouverneurs de province.
En2011, la situation ne s’est pas améliorée, et les femmes enrôlées par la CENI lors de l’inscription des électeurs représentaient 49,7%. Il n’y a eu aucune femme candidate aux présidentielles de 2011. Sur les 13197 dossiers de candidature aux législatives nationales, seules 1415 concernaient les candidatures féminines, soit un taux de 11%.
Et en décembre 2018 et mars 2019, les femmes enrôlées ont représenté 51% soit un total de 20.549.430 femmes ; et on a enregistré une seule candidature féminine sur un total de 21, soit 4,7% et sur 15355 dossiers de candidature à la députation nationale, 1795 (11,7%) concernaient les femmes et il y a eu 49 femmes élus, soit 11%. Le sénat actuel compte 19 femmes, soit 29%. A la députation provinciale, on a enregistré 2319 dossiers de candidatures féminines, soit 11% sur un total de 19640 dossiers de candidatures enregistrés. Nos AP comptent à ce jour 73 élues députées provinciales, deux femmes élues présidentes des Assemblées Provinciales, et aucune femme n’a été élue Gouverneur de province.
Ce tableau démontre le paradoxe qui existe entre le taux des femmes potentielles électrices et celles réellement élues pour leur participation dans les institutions politiques de la RDC. Il est urgent, non seulement de sensibiliser les femmes pour leur
Participation aux élections municipales et locales, ainsi qu’aux prochains scrutins (cycle de 2023), mais aussi à se mobiliser et s’investir pour augmenter leur taux de représentativité au sein des institutions.
Ainsi, Justice et Paix Congo de la Conférence Episcopale Nationale du Congo à travers son programme de la Dynamique Femme pour la Paix, organise un atelier de 5 jours à l’intention des femmes engagées dans la vie active, en vue d’identifier les obstacles et les stratégies à mettre en place afin de contribuer, tant soit peu, à l’accroissement de leur taux de participation en politique.
CIBLES
Les participantes seront sélectionnées parmi : -Les femmes des Partis politiques
-Les femmes des Confessions religieuses
-Les femmes des Organisations de la Société Civile
-Les femmes des cours et tribunaux, ainsi que du conseil d’Etat (Magistrat– avocat)
-Les femmes Parlementaires.
OBJECTIFS DE L’ATELIER
Globalement, l’atelier vise à améliorer le taux de participation des femmes dans les organes de prise de décision (parlement, gouvernement…).
Et plus spécifiquement, il s’agira de faire un état des lieux de la participation de la femme aux élections de décembre 2018 et mars 2019 afin de susciter et d’encourager les candidatures des femmes aux élections municipales et locales ainsi qu’aux scrutins de 2023.
MÉTHODOLOGIE
Les assises au tour de la participation de la femme en politique se feront selon les différents thématiques ci-après :
-Point de vue des Partis politiques
-Point de vue de la société civile
-Point de vue de la CENI
-Point de vue des MOE
-Point de vue Juridique
Après les différents exposés par les panélistes, les groupes de travail (constitués des membres provenant d’une même structure) formuleront des recommandations, après analyse, à chaque thématique pour permettre l’accroissement du taux de participation de la femme en politique. Les travaux se dérouleront sous la modération d’une experte que JPC et TCC identifieront au préalable. Une équipe de 3 à 5 personnes constituera le secrétariat technique de l’atelier. C’est elle, avec le modérateur principal et sur base des éléments issues des travaux de mise en commun de différents groupes thématiques proposeront le draft du dossier de plaidoyer et de la feuille de route à adopter par la plénière.
Chaque thématique constitue un panel qui sera animé par un ou deux experts qui seront désignés par l’équipe cadre JPC-TCC au regard d’une certaine expérience avérée. Les autres membres le seront selon le besoin.