Le dimanche 4 juin 2023, l’Eglise catholique a célébré la Sainte Trinité. Cette date marquait en RDC l’ouverture du 3ème Congrès eucharistique national. A cette circonstance, Mgr Marcel Utembi Tapa, Archevêque de Kisangani et Président de la CENCO, a dit une messe sur le parvis de la Cathédrale Saints Pierre et Paul de Lubumbashi. Voici l’intégralité de son homélie :
HOMELIE DE S.E. MGR MARCEL UTEMBI, ARCHEVEQUE DE KISANGANI, PRESIDENT DE LA CENCO
Ouverture du 3ème Congrès eucharistique national.
Lubumbashi, le 4 juin 2023
Lecture 1 : Ex 34, 4-6.8-9 ; 2Co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18
Chers frères et sœurs dans le Christ,
En considérant la Parole de Dieu que nous venons d’entendre dans les textes que la liturgie nous propose en cette solennité de la Sainte Trinité, à savoir le livre de l’Exode, la seconde lettre de Saint Paul Apôtre aux Corinthiens et l’Evangile selon Saint Jean, je voudrais axer ma méditation sur un point fondamental : le sens du mystère de la Trinité.
La Sainte Trinité, Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit, un grand mystère de notre foi qui nous fait découvrir que notre Dieu se révèle dans l’histoire en intervenant dans la vie des hommes, il marche au milieu de nous. Dieu nous aime et veille sur nous. Tout au long de notre vie, nous sommes invités à nous mettre à l’écoute de ce Dieu amour.
Ni kweli, ndugu wapenzi, siku ya leo ni sherehe ya Utatu Mtakatifu wa Mungu. Kufwatana na maandiko matakatifu, tutafikiri juu ya maana ya fumbo hilo la Utatu mtakatifu.
Dans la 1ère lecture (Ex 34, 4b-6.8-9), nous voyons Dieu lui-même qui se révèle à Moïse par son vrai nom « YAHVE LE SEIGNEUR ». Ce texte nous montre Dieu qui a la sollicitude pour son Peuple. De cette proximité de Dieu, Moïse mesure la générosité de Dieu et implore sa miséricorde pour le Peuple d’Israël : « oui c’est un peuple à la tête dure ; mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et tu feras de nous un peuple qui t’appartient » (Ex 34, 9).
Dans la seconde lecture (2 Co 13, 11-13), Saint Paul nous invite à travers les Corinthiens à la perfection, à nous accorder les uns avec les autres. C’est la condition pour s’approcher la présence aimante de Dieu : « vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous » (2 Co 13,11). Il ne s’agit pas de simples attitudes à adopter ou sentiments humains à revêtir. Il s’agit de vivre entre nous les relations qu’il y a en Dieu : l’unité et la communion.
L’Evangile (Jn 3, 16-18) nous révèle l’amour de Dieu. Jésus veut faire comprendre à Nicodème la profondeur et la puissance de l’amour de Dieu pour le monde. Dieu aime tant le monde, qu’il lui donne son Fils unique (cf. Jn 3, 16). Si Dieu aime tout le monde, c’est parce que les trois personnes divines – Père, Fils et Saint Esprit – se sont entourés d’un amour parfait.
Comme nous l’avons entendu dans la 2ème lecture, Paul nous souhaite cet amour qui entoure les trois personnes divines : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous » (2 Co 13, 13). C’est la salutation qui introduit la plupart des lettres de Saint Paul, mais aussi le souhait ou salutation que nous entendons régulièrement en début de la célébration de la messe. C’est une formule d’invitation à entrer dans l’amour de Dieu, dans l’union parfaite entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint.
Tunazoweya kusikia neno hili, « neema ya Bwana wetu Yezu Kristu, na mapendo ya Mungu Baba, na ushirika wa Roho Mtakatifu, iwe nanyi siku zote ». Tunasikia hayo kwa namna ya pekee ku mwanzo wa ibada ya misa. Ni mwaliko wa kusema tuingie katika mapendo yenyi kuunganisha nafsi tatu ya Mungu, mapendo yenyi kufanya Mungu Baba, na Mwana na Roho Mtakatifu wawe Mungu moja tu.
Ni hayo tunaona hasa katika ubatizo wetu.
Tunabatizwa kwa jina la Baba, na la Mwana, na la Roho Mtakatifu. Maana yake tunaingizwa katika Utatu Mtakatifu wa Mungu, tunatumbukizwa katika mapendo, katika nguvu ya Roho Mtakatifu mwenyi kuunganisha Mungu Baba, na Mungu Mwana.
En d’autres termes, c’est cela le sens de notre baptême, reçu au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit. Etre baptisé, signifie être plongé. Par notre baptême dans l’eau et l’Esprit Saint, nous sommes plongés dans l’amour de Dieu. Notre vie chrétienne devient une vie de relation particulière avec chacune de trois personnes en Dieu.
A l’image de l’union parfaite au sein de la Sainte Trinité, nous sommes invités à vivre dans l’amour fraternel.
Aujourd’hui, comme autrefois au temps de Moïse, Dieu « tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité » (Ex 34, 6) voit la misère de son peuple. Il voit tous nos frères et sœurs, toutes ces familles qui sont dans les zones sinistrées par la guerre et l’insécurité, notamment ceux des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, ainsi que ceux des Territoires de Kwamouth dans le Maï-Ndombe et de Bagata dans la Province du Kwilu. Il voit la souffrance de ceux et celles qui ont tout perdu et qui sont contraints de quitter leur milieu de vie pour vivre dans des camps des refugiés. Dieu voit ceux qui ont tout perdu suite aux catastrophes naturelles, notamment les inondations et les glissements de terrain, sans oublier les malades, les prisonniers, les exclus… Dieu voit tous ces enfants, des jeunes gens abandonnés dans les rues par leurs parents. Il ne nous abandonne pas, il continue à nous dire son nom : « YAHVE LE SEIGNEUR », c’est-à-dire celui qui est avec nous, qui marche avec nous.
Et nous, nous croyons qu’il est là avec nous, il nous partage sa Parole et son Pain. Dieu continue à dire son amour à toutes les femmes, à tous les hommes, aux jeunes et aux enfants, et il compte sur chacun de nous pour participer à la mission de dire au monde que Dieu est là, au cœur de nos vies et que c’est lui qui nous fait vivre.
Mungu ni nasi, anatembea nasi siku kwa siku, ikiwa wakati wa furaha, na zaidi tena mu magumu.
Katika nchi yetu, tupo na matatizo mbalimbali, uuwaji, ma vita, kwa namna ya peke kule Kivu, na vile vile ngambo ya Kwamouth kule Bandundu. Yote hayo ya leta magumu katika nchi yetu. Lakini Bwana Mungu anatuonyesha kama eko nasi siku zote, kwani anatupenda, na hakuna kitu kinaweza kututenganisha na mapendo yake.
Chers frères et sœurs,
Nous comprenons ainsi, à la lumière de la Parole de Dieu, que le mystère de la Sainte Trinité n’est pas simplement une question de nombre de personnes divines, c’est plutôt un mystère d’amour qui fait l’unité et la communion entre les trois personnes en Dieu.
Chaque fois que nous évoquons la Sainte Trinité, chaque fois que nous prions, chaque fois que nous faisons le signe de croix, au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit, nous communiquons au monde l’amour qui est en Dieu. Nous disons que Dieu nous aime, voilà pourquoi nous l’appelons « Notre Père ». Il est notre Père, non seulement parce qu’il nous a créés, mais aussi parce qu’il nous aime.
Tunaona wazi wazi maana ya Utatu mtakatifu, si jambo la hesabu ; ni mambo ya mapendo ya Mungu. Mungu ni mapendo, ndiyo maana tunamwita Mungu « Baba yetu ».
Si nous sommes rassemblés pour célébrer le 3ème congrès eucharistique national, c’est pour témoigner de cet amour de Dieu. Le thème général de notre congrès : « Eucharistie et Famille » est un indicateur de notre désir de bâtir, de consolider nos familles, particulièrement de renforcer le mariage qui en est le fondement. A l’image de la Sainte Trinité, une famille est une histoire d’amour qui n’est jamais achevée, une histoire à renouveler chaque jour et qui reste ouverte sur l’avenir.
Si l’amour ne circule plus dans une famille, elle se détruit. Il en va ainsi de l’Eglise, s’il n’y a plus d’amour, elle s’écroule, c’est la dispersion. C’est le cas aussi pour une nation, si ses peuples ne laissent pas circuler l’amour, ce sont les tensions, les conflits ethniques, les guerres tribales qui prennent la place et finissent par la détruire.
Nous ne sommes pas seuls dans les joies et les peines que traversent nos familles. Le Seigneur nous a promis d’être avec nous tous les jours et jusqu’à la fin du monde. Il nous nourrit de sa Parole et de son corps. L’eucharistie vivifie et renforce les liens de ceux qui sont unis par le mariage, elle engendre et renforce la communion entre ceux qui composent l’Eglise, elle renforce la fraternité entre les hommes. Nos familles menacées par tant des misères devraient puiser dans l’Eucharistie la force d’amour pour y faire face.
Ni kweli, ndugu wapenzi, Mungu ni mapendo. Ni kwa mapendo hayo, aliweza kutoa Mwana wake wa pekee Bwana wetu Yezu Kristu katika mateso na kifo chake pa msalaba. Ni fumbo la imani yetu : kwa sadaka ya mwili na damu yake alitukomboa na kutupatia uzima. Tunakumbuka mapendo hayo kubwa ya Mungu katika sakramenta ya Ukaristia.
Tunapo uzuria Ukaristia katika ibada ya misa, tunapo abudu mwili na damu ya Bwana wetu Yezu Kristu katika sakramenta ya Ukaristia, tunatowa ushuuda juu ya mapendo ya Mungu.
Ni fumbo hilo inatukusanya hapa Lubumbashi, tunatoka pande zote za inchi ya Congo kwa kushangalia Ukaristia. Maana yake, pamoja na Bikira Maria, tunataka kutowa ushuuda ya mapendo ya Mungu juu ya kila mmoja wetu.
Na mwaliko wa upekee katika mukusanyo huo, ni wakusema tukamilishe jamii letu, ma famille yetu, na mapendo ile ile inaunganisha Utatu Mtakatifu wa Mungu. Ni kwa mapendo tutafanya makundi letu, jamii letu, Eklezia yetu, hasa nchi yetu, ijapo tupo wakabila mbalimbali, wakutoka huku na huku, kuwa jamaa moja.
Tukitengana na Mungu, tukikosa mapendo, hatuwezi kujenga kitu, itakuwa ni mabomoko tu mu ma jamaa letu, na mu nchi letu.
En célébrant cette Eucharistie qui ouvre la semaine de notre 3ème congrès eucharistique national, nous faisons monter vers Dieu une fervente prière, avec la Vierge Marie, nous voulons faire de plus en plus connaître, aimer et servir Notre Seigneur Jésus-Christ présent dans le Très Saint Sacrement de l’autel. Avec Elle, nous pourrons chanter : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles, Saint est son nom » (Lc 1, 49).
Que Dieu, lent à la colère, riche en miséricorde et qui nous aime tous comme ses enfants, veille sur notre congrès et nous accorde ses bénédictions, au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit. AMEN !
Mgr Marcel UTEMBI TAPA
Archevêque de Kisangani
Président de la CENCO